A la découverte du crowdfunding

dollar Le dynamisme actuel du web n’en finit décidément pas de m’étonner. Je vous ai déjà parlé du « crowdsourcing » (ou « skillsourcing ») qui fait appel aux talents de la foule pour créer de nouveaux produits. Voilà qu’apparaît à présent le « crowdfunding ». Le principe? Fédérer une communauté de personnes pour financer un projet d’envergure. Le phénomène s’invite petit à petit dans les domaines les plus variés:

  • la musique: le site Sell A Band propose aux groupes de musique de se faire connaître du public grâce à leur site. S’ils parviennent à obtenir le soutien financier (10£ par part) de 5000 « believers », leur disque est édité et commercialisé. Chaque « believer » en reçoit un exemplaire et touche une commission sur les ventes. Dix-sept artistes ont réussi en quelques mois à passer le cap des 5000 soutiens.
  • le cinéma: A Swarm of Angels ambitionne de produire un film open-source à 1 million de £ puis de le distribuer gratuitement sur internet. Pour 25$ vous pouvez participer à l’écriture du scénario, proposer vos idées à la production ou simplement voter pour définir les grandes orientations du projet. Je n’ai pas encore bien compris ce qu’il faut attendre en retour hormis la gloire de figurer au générique ce qui n’est déjà pas si mal.
  • le sport: le site MyFootballClub propose tout simplement d’acheter une équipe de foot de la ligue 1 anglaise. En 3 mois à peine, ils ont déjà atteint leur objectif de financement. 50000 personnes ont versé 35£ permettant ainsi de réunir 1,5 million de livres. Ils ont fini par jeter leur dévolu sur l’équipe de Ebbsfleet United et les 50000 actionnaires vont maintenant pouvoir participer au management de l’équipe! Qui est partant pour racheter l’équipe de France en vue de la prochaine Coupe du Monde?
  • l’alimentation: avec Nudo, pour 65£ vous adoptez un olivier pendant un an et vous recevez le fruit de sa production sous la forme de 3 bouteilles d’huile d’olive.
  • la boisson (hic!): même principe que Nudo, mais vous héritez cette fois-ci d’une rangée de vigne en France ou en Italie grâce à WineShare
  • le tourisme: certainement l’initiative la plus ambitieuse de toutes. Deux jeunes anglais ont décidé de créer une communauté en ligne pour développer un tourisme écologique et éthique sur une petite île des Fidji en collaboration avec la tribu locale. Pour 180£ par an, vous financez les nouvelles infrastructures de l’île, vous participez aux grandes décisions concernant le développement du projet et vous pouvez passer une semaine sur place nourri et logé pour filer un coup de main à la construction du village. Les fondateurs espèrent obtenir le soutien de 5000 Robinson Crusoë en herbe pour financer les 3 premières années du projet. Les premiers résultats sont contrastés comme le souligne cet excellent article d’un journaliste du National Geographic. Mais les travaux avancent, les premières huttes ont été construites et l’île est maintenant équipée d’éoliennes et panneaux solaires pour assurer son alimentation en électricité … Si vous ne savez pas où aller pour vos prochaines vacances, ça s’appelle Tribe Wanted.

Attention tout de même, cette pléthore d’exemples ne doit pas faire croire qu’on ne peut crowdfunder n’importe quoi. Le projet doit répondre à un certain nombre de critères pour que le « crowdfunding » fonctionne:

  • il doit être fédérateur pour attirer un communauté d’actionnaires nombreuse
  • il doit être accessible largement, un projet purement local n’a aucune chance de réussir
  • il doit faire rêver, répondre à une envie ou à une frustration chez les « actionnaires »
  • il doit laisser une part de décision aux actionnaires qui doivent se sentir acteurs
  • il doit inspirer confiance sinon personne n’osera avancer d’argent
  • il doit fournir un bon « retour sur investissement »

Mais le concept n’en reste pas moins très intéressant car il permet de créer une communauté en amont du projet qui constituera à terme une sorte de « force de vente » pour drainer de nouveaux acheteurs vers le ou les produits proposés.

Mar13

10 réponses to “A la découverte du crowdfunding”

  1. Chouette article !

    Il faut aussi compter avec la marque de surfwear Nvohk. Je lui consacre un article car le projet est d’envergure.

    Par contre en ce qui concerne Nudo et Wineshare je m’interroge sur la possibilité de les considérer comme des sites web de crowdfunding à part entière…
    Ou alors ils forment une catégorie à part au sein du crowdfunding.

    3 raisons à cela :

    Le financement par la foule dans ces 2 sites sert à entretenir une production déjà établie. Les vignes de Wineshare et les oliviers de Nudo sont cultivés depuis des décennies. Leurs propriétaires cherchent une nouvelle façon de pérenniser la production dans le terme. Cette approche les distingue des projets de crowdfunding plus évidents que tu cites très bien comme Sell A Band, A Swarm of Angels ou encore MyFootballClub, ou le financement par la foule sert à l’établissement d’un projet non établi et dont la mise en route et le développement dépendent justement de la participation de contributeurs-financiers-internautes.

    Ces 2 sites n’affichent aucune dimension véritablement communautaire. Les internautes ne peuvent y partager l’intérêt qu’ils éprouvent dans le « financement » des productions de vignes et d’oliviers. C’est là un manque qui pourrait être comblé mais il s’avère qu’à l’heure actuelle il est cruellement présent.

    Aucun des 2 sites ne donne une idée précise du nombre de « parts » qui sont à « acquérir ». Le crowdfunding et sa grande soeur le crowdsourcing supposent un certains découpage en parts égales que les internautes approvisionnent. Le crowdsourcing a souvent été traduit comme étant un « approvisionnement par la foule », un approvisionnement d’étalages vides comme sur Fotolia par exemple.

    Finalement Nudo et Wineshare invitent les internautes à adhérer à un contrat de location avec lequel il devient possible de profiter des fruits du « produit » ainsi loué. Il n’en reste pas moins des projets très sympathiques mais il faudrait je le suggère encore une fois les classer dans une catégorie à part, au sein du crowdfunding ou en dehors, laquelle reste à imaginer et à définir.

    Je suis sûr qu’avec ton imagination fertile Raphaël tu pourrais nous trouver quelque chose sur ce point 😉

  2. Je suis partiellement d’accord avec toi. C’est vrai que Nudo et Wineshare sont un peu différents dans le sens où ils ont un peu accomodé à la sauce « crowdfunding » un business déjà existant. Néanmoins, je pense que le but recherché est le même que pour les autres projets: impliquer le consommateur et lui donner l’impression d’être en partie propriétaire de la boîte (même si cette propriété est limitée dans le temps). C’est sans doute plus difficile dans ces 2 cas de réellement associer les utilisateurs à l’élaboration du produit: il n’y a pas 10000 façons de faire de l’huile ni du vin. Mais Wineshare cherche tout de même à développer l’aspect social et la connaissance du vin en organisant des dégustations. Quant à Nudo, le nombre de part n’est pas donné explicitement mais en regardant le plan du domaine, tu peux connaître le nombre d’arbres et voir que certaines parcelles sont déjà entièrement réservées.

    Merci pour le lien vers Nvhok, je ne connaissais pas et la mode vestimentaire manquait effectivement dans mon panorama du crowdfunding.

  3. bonjour a vous
    oui le crowdfunding arrive en france avec un site
    http://crowdfunding.waibe.fr/
    a voir absolument

  4. L’équivalent de Wineshare en FRance s’appelle Mes Vignes: http://www.mesvignes.com. C’est pas donné mais le concept est sympa avec 3 journée chez le viticulteur à différentes étapes de l’élaboration du vin. Une chouette idée de cadeau pour une passionné d’oenologie.

  5. Merci et encore bravo pour tes articles délectables !
    Pour la musique, il existe aussi : http://www.mymajorcompany.com/

  6. De rien mon amie

  7. Bonjour Laurent,

    ton lien ne fonctionne pas …

    Pour celles et ceux qui souhaiteraient comprendre un peu plus le crowdfunding, il y a de chouettes ressources sur le forum d’Ulule.

  8. Hello

    Sympa l’article, selon moi le crowdfunding n’implique pas nécessairement un retour sur investissement financier 🙂 Comme on peut le voir avec des sites comme KickStarter tel qu’Ulule (http://fr.ulule.com)

    Lionel @Ulule

  9. Je voudrais signaler le lancement d’une plateforme de crowdfunding dédiées aux artistes plasticiens (peintres,s culpteurs, …) http://www.fabriquedartistes.com

  10. Merci pour l’article sur le crowd funding.
    Je cherche un partage d’expérience avec des adeptes du crowd funding…. porteurs de projet ou contributeur pour imaginer les contreparties idéales.
    A bientôt.

Répondre