Les abstensionnistes ont toujours tort

A l’heure où tout le monde prédit une abstention record pour les élections européennes, j’apprends qu’en Belgique, le vote est obligatoire sous peine d’amende (maximum 125€ en cas de récidive). Et du coup, je m’interroge, bonne ou mauvaise idée? Elle a en tout cas le mérite d’être efficace (7% à 10%d’absention) et d’être bien acceptée (90% des belges en sont satisfaits).

Mais serait-elle applicable en France? N’y verrait-on pas une remise en cause de la liberté individuelle? Il me semble que quand on vit dans un pays, dans une société d’hommes, on est tenu de se plier à un certain nombre de règles de base. Le vote est justement une des fondements de notre démocratie, on parle d’ailleurs de “devoir” civique. Ca ne me paraît donc pas aberrant de le rendre obligatoire. Ca aurait le mérite de forcer les gens à s’intéresser un tant soit peu au débat et ça inciterait les politiques à être à la hauteur de la participation. Vous en pensez quoi vous?

Juin07

4 réponses to “Les abstensionnistes ont toujours tort”

  1. Je crois que de nombreux constitutionalistes ont déjà réfléchi à la question. Je ne sais pas ce qu’il en est en Belgique mais certains préconisent dans ce cas de comptabiliser les bulletins blancs et nuls ce qui permet alors d’avoir une représentation fidèle de l’opinion.

    Cela dit je ne sais pas bien comment on distribuerait alors les sièges pour un scrutin à la proportionnelle.

    En tous cas on peut se demander ce que signifie le scrutin d’hier en France (mais aussi en Europe). Les deux soit disant « vainqueurs » sont autour de 30% et 15%… avec une abstention de 60%, ça fait bien peu de voix en réalité: 705000 pour Baudis dans la région sud-ouest sur 6 millions d’inscrits, 464000 pour le PS, 415000 pour Bové.

  2. Un point de plus: à mon avis, interdire l’abstention pourrait favoriser la dispersion des suffrages et donc l’instabilité politique dans certaines périodes de l’Histoire.

  3. Tout à fait d’accord sur la nécessité de prendre en compte les votes blancs et nuls, indépandamment du vote obligatoire d’ailleurs. Je m’interrogeais plus sur l’acception sociale du vote obligatoire avant même de considérer les aspects constitutionnels mais c’est vrai que ça pose problème aussi.

    Et effectivement, le vote obligatoire pourrait avoir des effets pervers comme le fait de voir une majorité de la population voter blanc ou de voir un certain nombre d’électeurs désintéressés voter au hasard ou pour le plus « offrant », favorisant ainsi la dispersion des voix. Et là on pourrait craindre une insurrection révolutionnaire comme dirait Villepin!

  4. Le premier problème des électeurs est de savoir s’il faut voter pour « blanc bonnet » ou « bonnet blanc » alors obliger des citoyens à faire ce type de choix les pousseraient inévitablement vers une forme d’incivisme électoral.
    Quand il existe une élection truquée, par exemple en plaçant des bulletins dans des chaussettes, en cas supposé d’une annulation pour tricherie avérée, il s’avèra que le nouveau choix se porta justement sur le trompeur… incroyable ce choix ! Incroyable… mais pas invraisemblable, une forme de double punition. On a les veaux élus qu’on mérite…
    Maintenant, on pourrait imaginer qu’une élection soit multi-manipulée, et que le véritable débat soit tout benoitement escamoté.
    Il en va de nos jours comme des jours passés, des peu glorieux où les rois de France déféquaient derrières les rideaux des châteaux, des bourgeois qui ont étêtés plus de pauvres gens que d’aristos, et qui ont fait naitre cette énorme secte d’hommes politiques qui s’invente au quotidien un immense trafic d’influence, non pour leur propre gloire, mais pour s’accaparer le pouvoir coûte que coûte et au passage se garnir les comptes en banques, même feu Omar Bongo était mis à contribution. Le Gabon n’est pas le Congo hélas, qui avant même la fin du scrutin vient de replacer le vieux Denis Sassou Nguesso sur son trône… incroyable ce choix ! Incroyable… mais pas invraisemblable, une forme de double punition.
    Désormais, si le choix électoral ne pouvait se concevoir que dans la concentration financière d’une petite élite à même à s’offrir le prix d’une campagne, le vote ne se verrait même pas. Qu’on laisse tomber les masques, que les votes des dirigeants soient laissés aux mains des énarques ou d’autres vassaux…
    Car comme le chantait notre bienaimé Léo Ferré,
    « T’as voté…
    Si t’as voté c’est qu’t’avais l’choix
    Alors, alors, démerde-toi »

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