David contre Phenix

L’éco-construction est à la mode. Tout le monde s’y met, même Maison Phenix qui a lancé à grand renfort de pub et avec l’appui de Yann Arthus Bertrand sa "bonne maison". Je ne vais pas m’attarder sur cette initiative pas forcément mauvaise en elle-même mais pas non plus exemplaire et qui a, de mon point de vue, un trop fort goût de "greenwashing". Je voudrais plutôt mettre en avant une autre initiative qui prend l’exact contre-pied de celle de Maisons Phenix.

C’est l’histoire de deux bricoleurs de génie au fond de leur atelier à quelques encâblures de Toulouse (eh eh, un peu de chauvinisme régionaliste!) qui cherchent à imaginer une construction mi-maison mi-cabane la plus écologique possible, c’est à dire très économe en énergie évidemment, utilisant des matériaux locaux, renouvelables, naturels et sains, respectueuse du terrain sur laquelle elle est construite et légère pour minimiser l’impact du transport des matériaux. Qui plus est, elle doit être peu chère et disponible en auto-construction (en kit). Le résultat est une véritable réussite et un concentré d’idées aussi innovantes qu’astucieuses. Ce qui frappe surtout c’est le souci du détail et l’exhaustivité de la démarche.

Les éccoquilles sont des petites maisons à ossature bois d’un surface allant de 20m2 à 110m2. Elles se distinguent par:

  • une forme de demi-coquille qui minimise la surface en contact avec l’extérieur et donc les déperditions énergétiques
  • une isolation renforcée, 30 cm de laine de chanvre et des quadruples vitrages de conception maison
  • une forme aérodynamique qui minimise la prise au vent et donc les déperditions
  • l’absence de fondations, la maison repose sur des plots fixés au sol par des pieux-griffes
  • des ouvertures au sud pour favoriser les apports solaires
  • une construction en kit ne nécessitant pas de grue et accessible à n’importe qui ou presque
  • un système de robinet et de chauffe-eau économes
  • un système de miroir chauffant comme chauffage d’appoint
  • une structure en douglas et des tuiles en liège
  • l’objectif affiché d’atteindre l’autonomie énergétique grâce à des panneaux photovoltaïques
  • un prix plancher: 54000€ pour 80m2 à monter soi-même
  • 9 tonnes en tout
  • les plans seront mis en "open source" sous licence Creative Commons

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Le résultat est assez éloigné des canons esthétiques habituels de l’architecture contemporaine, l’apport de lumière extérieure me semble un peu limité et le comportement thermique en été demande a être vérifié (il y a peu d’inertie dans une maison en bois). Hormis ces réserves, j’adhère à 100% au concept et j’aimerais voir d’autres projets de ce type se développer sous des formes diverses et dans le même esprit pour assister enfin au renouveau du paysage architectural français.

Fév23

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