Hado-pi-rate-le-coche

Si vous surfez un peu sur le web (et si vous êtes là c’est que ça doit quand même vous arriver, sinon je comprends plus rien),vous avez sans doute entendu parler de la loi Hadopi actuellement en débat à l’Assemblée. Elle a été largement commentée et critiquée par tout ce que la France compte d’experts dans le domaine de l’internet, de la musique, du droit d’auteur, du piratage, mais vous me permettrez tout de même d’apporter mes 50 centimes d’euros à cette réflexion générale sur le téléchargement illégal. Parce que oui Madame, oui Monsieur, bien que n’étant pas « expert médiatique », il m’arrive moi aussi de réfléchir dans mon coin, voire même, effronterie incroyable, d’avoir des opinions! Ah ça vous en bouche un coin ça hein?

Bon ben allons-y pour l’avis de Raf, vaut probablement mieux lire ça que d’être aveugle, alors voyons ce qu’il a à dire.

Dans ce débat sur le téléchargement illégal, il me semble qu’on a trop tendance à résumer le débat au gratuit/pas gratuit, en assimilant un peu vite les pirates à des pilleurs de droits d’auteurs négligeant royalement de la rémunération des artistes. Or, de ce que je peux voir autour de moi, le fond du problème se situe plutôt sur le facile d’accés/difficile d’accés. Je m’explique: ma théorie à moi c’est que les « téléchargeurs » ne vont pas en priorité vers ce qui est gratuit, ils vont vers ce qui est facilement accessible.

Trois petits exemples pour illustrer mon propos:

  1. Je n’ai jamais écouté autant de musique que depuis que j’ai découvert Deezer (ex-Blogmusik illégal à l’époque). Pourquoi? Trop simple: un catalogue énorme disponible immédiatement en streaming, un navigateur, des playlists et je retrouve ma musique partout où je peux me connecter à Internet. Comparé à un CD que je dois aller acheter dans un magasin puis que je dois glisser dans mon lecteur CD (trop fatigant!) et changer toutes les heures (voire beaucoup moins si je ne veux écouter qu’une seule chanson d’un album!), y a pas photo! Comparé à un téléchargement payant sur Itunes où je dois installer un logiciel sur mon PC puis me battre avec des DRM et un disque dur portable pour emmener ma musique avec moi, là encore, y a pas photo.
  2. Je n’ai jamais découvert autant d’artistes que depuis que je reçois FIP à Toulouse. Pourquoi? Simplissime. Dans ma voiture, j’appuie sur un bouton et j’ai de la musique de qualité, variée et sans pub. Si un morceau me plaît, je retrouve son titre sur Internet. C’est une solution légale mais vous remarquerez qu’elle est proposée par une radio publique non commerciale. Quelle major du disque est capable de me proposer aujourd’hui quelquechose d’équivalent en terme de simplicité d’accés (je ne parle pas ici de l’aspect gratuit)?
  3. J’ai découvert il y a peu la série américaine « How I met your mother (très très bon, je vous conseille, dans la droite ligne de Friends en un peu plus trash). Je le confesse, je la télécharge de façon parfaitement illégale (bouououhhhh c’est mal) grâce à Bittorrent. Mais quelle alternative plus simple? Attendre sa diffusion télé pour la voir en version française doublée et perdre au passage un bonne occasion de perfectionner mon anglais tout en ratant la moitié du jeu des acteurs? Ou alors aller l’acheter en coffret DVD, le payer au prix fort, le regarder une fois et encombrer mes étagères avec pendant plusieurs années en attendant que le format DVD soit supplanté par un nouveau format plus beau, plus grand, plus fort qui rendra les DVD illisibles? C’est ce qui m’est arrivé avec le coffret K7 de la première saison de Friends, j’ai juré qu’on ne m’y reprendrait plus. Sans compter le problème de l’impact écologique d’un coffret DVD et le fait que je ne peux pas lire un DVD sur mon netbook. Alors oui, je vais au plus simple, je trouve le lien qui va bien, je clique, 20 minutes plus tard, j’ai récupéré mon épisode, je le regarde et je l’efface.

Vous le voyez, tout ça dépasse largement le simple problème du prix. Dans chacun des cas, s’il existait une solution légale équivalente en terme de simplicité d’utilisation et à un tarif abordable, c’est volontiers que je l’utiliserais. Payer 5€ par mois pour Deezer ne me choquerait pas tellement le service est génial. Et même 10€ si j’avais l’assurance d’un catalogue exhaustif et la possibilité de télécharger 10 chansons par mois par exemple. L’épisode de 26 minutes de « How I met your mother » en version originale sous-titrée en VOD à 50 cents, je signe des 2 mains! L’important, c’est que la facilité d’accés reste identique voire même meilleure que la solution illégale. Parce que payer pour un truc plus compliqué à utiliser et plus long à mettre en oeuvre, faut pas exagérer, les gens ne sont pas masos! Alors mesdames les Majors, avant de faire du lobbying auprès des politiques pour qu’ils sortent une loi inapplicable et inefficace, regardez ce qui existe et prenez en de la graine, Internet est un levier formidable pour revoir votre modèle économique, servez-vous en (tu m’as bien lu Pascal Nègre?)! A bon entendeur salut!

Avr11

Répondre