Ma théorie du rire: chapitre 1

Chose promise, chose due, voilà la première analyse de ma théorie du rire. Et pour commencer en beauté, j’appuierai ma démonstration sur un morceau d’anthologie d’un de mes maîtres à faire rire, j’ai nommé Edouard Baer, une intervention brillante qu’il fît lors des Césars 2004. Je vous laisse l’écouter et on en reparle après:

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Bon, moi ça me fait rire, j'espère que vous aussi. Mais pourquoi? Resituons le contexte, cérémonie des Césars, le gratin du cinéma français est là et l'ambiance est plutôt tendue. Toutes les personnes venues remettre un César ont préparé un petit laïus qui se veut érudit et spirituel. Arrive Edouard Baer, smoking et noeud pap qui il se lance dans une de ses semi-impros décalées dont il a le secret. Son intervention met en oeuvre plusieurs ressorts comiques:
- d'abord la parodie : en accumulant les poncifs et les formules toutes faites du genre "De tous temps, les hommes ...", "Cinéma, cinéma, où est ta victoire?", il se moque ouvertement de tout les gens sérieux qui dégainent pour l'occasion citations et réflexions faussement intellectuelles. Voilà pour le fond.
- ensuite la chute: à l'instar des clowns qui accumulent les chutes et gamelles pour faire rire, Edouard Baer fait mine de se planter, de chercher ses mots, de se reprendre. Cette part d'imprévu crée la suprise chez les spectateurs et renforce l'effet comique. Voilà pour la forme.
- enfin l'auto-dérision: avec le second degré qui le caractérise, Edouard Baer n'hésite pas à commenter sa propre prestation "Pas très bon non plus", "Oui je crois que c'est mieux bizarrement". En plus de se moquer des autres,il se moque de lui-même et montre ainsi clairement, pour ceux qui en douteraient encore, que sa prestation n'est pas sérieuse.
Sous les dehors d'une intervention brouillonne et improvisée, c'est à un sketch très construit (consciemment ou inconsciemment) qu'on assiste. Enlevez un seul de ces ressorts comiques et le gag ne fonctionne plus, soit il n'est plus drôle, soit il risque d'être mal compris. C'est sans doute ce qui fait le talent des artistes comiques: savoir combiner les bons ressorts au bon moment pour provoquer le rire.

Dans la série "Edouard Baer aux Césars", je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager cet autre moment d'anthologie:

Sep28

Une réponsee to “Ma théorie du rire: chapitre 1”

  1. […] je suis … mon idole absolue en matière d’humour décalé, le génial Edouard Baer est à Toulouse le samedi 16 juin dans le cadre du Marathon des Mots, et je serai à Nantes ce […]

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